L’accès en ce moment au Nouveau-Brunswick
Par Erin Anderson, traduit par Anik Pettigrew
(Note de l’éditeur : cet article a été écrit en août 2014, et depuis le 1er janvier 2015, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a abrogé le règlement 84-20 améliorant ainsi l’accès à l’avortement. Cependant, il reste le règlement de l’annexe 2.01, Chapitre M-7 de la Loi sur le paiement des services médicaux qui limite le remboursement des avortements à ceux pratiqués dans les hôpitaux, même si ceci contrevient avec la Loi canadienne sur la santé. Pour plus d’informations, voir au bas de la page.)
L’accès à l’avortement règle une partie du problème, mais que vaut-il vraiment si les femmes ne peuvent se le payer? La fermeture de la clinique Morgentaler, principalement pour des raisons financières, nous rappelle l’importance que revêt le financement pour faire valoir les droits des femmes en matière de reproduction au Nouveau-Brunswick (NB).
Le NB est la seule province au Canada où les avortements sont couverts par l’assurance-maladie seulement s’ils ont lieu dans un hôpital. Pour ce faire, les femmes doivent obtenir préalablement les références de deux médecins — d’un omnipraticien et d’un obstétricien-gynécologue — afin qu’ils certifient que l’intervention est médicalement nécessaire (ce terme n’est pas défini). Il faut savoir qu’il existe une grave pénurie de médecins de famille au NB, et que les femmes risquent de se trouver face à un médecin déplaisant qui laissera ses croyances personnelles nuire à son jugement professionnel. En plus, le temps que la femme consacre à trouver deux médecins, dans un des hôpitaux du NB qui pratiquent des avortements, lui coûte cher en matière de perte de salaire, de frais de gardiennage, encore plus, si elle ne peut compter sur l’appui d’un conjoint ou d’un proche.
Jusqu’à sa fermeture en juillet 2014, la Clinique Morgentaler à Frédéricton procédait à des avortements jusqu’à la 16e semaine de grossesse pour un coût allant de 700 $ à 850 $ payé par la patiente. Bien que le prix de cette intervention limite l’accès à celles qui peuvent se le payer, la clinique était la seule solution pour plusieurs femmes du NB et aussi de l’Île-du-Prince-Édouard où aucune clinique n’existe encore à ce jour.
Plusieurs femmes ne parviennent pas à se faire avorter dans un hôpital financé par l’État. Ils sont difficiles à obtenir et, en plus, limités aux femmes enceintes d’un maximum de 12 semaines. En plus, celles qui désirent se faire avorter à l’hôpital n’arrivent souvent pas à obtenir leur rendez-vous dans les délais puisqu’elles sont placées sur une liste d’attente.
La clinique était en mesure d’effectuer des avortements sur des femmes enceintes de 16 semaines et moins. Dans les cas où les femmes dépassaient cette limite, la clinique les dirigeait vers d’autres provinces qui pouvaient les avorter. Avec la fermeture de la clinique, les femmes du NB perdent cette assistance et la possibilité de recevoir de l’information sur les différentes options qui s’offrent à elles.
Celles qui ne pourront fournir les références de deux médecins ou se mettre sur la liste d’attente des hôpitaux pourront toujours quitter la province et se rendre dans une clinique du Québec, de l’Ontario ou du Maine.
Cependant, si 700 $ pour un avortement à la clinique de Frédéricton était trop dispendieux, il est peu probable que les femmes puissent se payer un voyage à l’extérieur de la province et rencontrer les frais de l’avortement, de l’hôtel, des repas et de la garderie. En plus, le NB a exclu l’avortement de l’entente de la facturation réciproque interprovinciale. Donc, les Canadiennes qui se rendent à l’extérieur de leur province pour interrompre leur grossesse doivent assumer elles-mêmes les frais jusqu’à ce que la province, où s’est fait l’avortement, devienne leur lieu de résidence permanent.
Refuser l’accès aux Canadiennes de se faire avorter est non seulement illégal, mais aussi très dangereux. Des études montrent qu’un accès restreint à l’avortement entraîne des femmes à trouver elles-mêmes des solutions, par exemple, se procurer des pilules abortives en ligne, se faire avorter clandestinement, ou encore, s’automutiler. Fait à noter, 47 000 femmes meurent chaque année en raison d’un avortement non sécuritaire, ce qui représente 13 % de la mortalité maternelle à l’échelle mondiale.