La fermeture de la clinique Morgentaler de Frédéricton
Par Judy Burwell
Lorsque le personnel de la clinique Morgentaler a tenu une conférence de presse le 10 avril 2014 pour annoncer la fermeture de la clinique, une onde de choc a secoué le Nouveau-Brunswick (NB), l'Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse. Après avoir pratiqué des avortements pendant vingt ans, la clinique fermera à la fin juillet 2014 en raison de difficultés financières.
La plupart des patientes de la clinique n'étaient pas au courant de la lutte sans fin du Dr Morgentaler et des batailles juridiques constantes qu’il menait pour forcer le gouvernement du NB à obéir à la loi et à financer les services d'avortement offerts à sa clinique.
Si le gouvernement du NB avait financé les cliniques d’avortement comme le font les autres provinces, la clinique serait encore ouverte.
À partir du moment où le Dr Morgentaler a annoncé son intention d'ouvrir une clinique d'avortement à Frédéricton, le gouvernement provincial a tout fait pour contrecarrer ses efforts. Le principal obstacle créé par le gouvernement qui nuisait, et qui nuit encore aujourd’hui aux femmes du NB qui ont besoin d'accéder à des services avortement, est le règlement 84-20. Essentiellement, il empêche les avortements faits à la clinique Morgentaler d’être financés par l’Assurance maladie.
Le Dr Morgentaler était immunisé contre les menaces du gouvernement. Il avait déjà survécu à la prison, à des messages haineux, à des menaces de mort et à un attentat à la bombe à sa clinique de Toronto. Les actions du gouvernement du NB n’ont servi qu’à renforcer sa détermination à continuer à se battre pour que les néo-brunswickoises obtiennent un service d'avortement sécuritaire dans sa clinique même lorsqu’elles étaient incapables de payer.
Effectivement, plusieurs patientes de la clinique ne pouvaient payer pour leur avortement. La Fédération nationale de l'avortement offrait un soutien financier limité, mais la majorité du soutien financier venait directement de la clinique. Si seulement la clinique avait reçu du financement de la province, ou au moins si elle avait payé pour les patientes qui ne pouvaient payer, la clinique n’aurait pas été obligée de fermer.
Comment le gouvernement est-il responsable de la fermeture de la clinique
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Peu de femmes payaient la totalité de leur avortement. En conséquence, les dépenses dépassaient les revenues de la clinique et, au fil des ans, les déficits ont été absorbés par le Dr Morgentaler. Dans les dix dernières années, la clinique a souffert d’un déficit dépassant 105 400 $ en subventionnant les avortements des femmes qui ne pouvaient payer la totalité des frais.
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L'inondation de 2008 a causé des dommages totalisant plus de 100 000 $. Plusieurs entreprises du centre-ville ont reçu une indemnisation, mais pas la clinique parce que son propriétaire n'était pas un résident du NB. Si Dr Morgentaler n'avait pas payé pour les réparations, la clinique aurait fermé en 2008.
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La clinique ne pouvait pas continuer à fournir des services d'avortement non financés par les fonds publics.
L’aide financière fournie par la clinique parle avec éloquence de l'impact du Règlement 84-20 sur les femmes recevant de l'assistance sociale, les femmes monoparentales avec des emplois rémunérés au salaire minimum, les étudiantes sans revenus et les femmes victimes de violence conjugale. La fermeture de la clinique touche aussi les femmes de l’Île-du-Prince-Édouard, la seule province qui n’offre aucun service d’avortement, car elles représentaient 10 % des 600-700 femmes qui visitaient la clinique Morgentaler annuellement.
La clinique Morgentaler a ouvert en juin 1994 et, jusqu'en juillet 2014, a fourni des services d'avortement à plus de 10 000 femmes dans un environnement professionnel et une ambiance chaleureuse.
Finalement, après 20 ans, la clinique Morgentaler de Frédéricton a dû fermer ses portes. Le Règlement 84-20 est toujours effectif (abrogé en Janv. 2015!) et les femmes du NB devront se conformer aux exigences discriminatoires et médicalement injustifiées afin d’obtenir un avortement dans la province.